Cérémonies funéraires khmères

Rite funéraire :

Un rite funéraire, ou des funérailles, est un ensemble de gestes, de rites et de paroles accompagnant l'agonie puis la mort d'un être humain pour lui rendre hommage et l'accompagner grâce à une ou plusieurs cérémonies.

Au Royaume du sourire, les Khmers (ethnie) accompagnent et honorent leurs défunts au minimum trois fois :

  • la première cérémonie, au mieux le lendemain du décès, au pire le troisième jour.
  • la seconde cérémonie, le septième (7e)  jour après le décès.
  • la troisième cérémonie, le centième (100e) jour après le décès.

Parfois, les personnes très riches combinent la première et la seconde cérémonie, et gardent le défunt durant sept jours dans leur maison. Cela implique qu'ils enchaînent sept jours de veillée et de prières en la présence de bonzes (Lauk sang  លោកសង្ឃ / Prrèr sang  ព្រះសង្ឃ), d'un ou plusieurs Achar (Atïa អាចារ្យ), sorte de diacre et maîtres de cérémonie. Ainsi que des personnes âgées Lauk Ta លោក តា et Lauk Yièye លោក យាយ qui veillent la dépouille.

Nota 1 : pour notre Roi père, Norodom Sihanouk, le corps a été conservé une année avant l'incinération. Une année de prières, de veillées, de soins pour conserver le corps.

 

La veillée mortuaire :

Lorsque quelqu'un est à l'agonieRro khyâl រកខ្យល់ / ou  Slâ tchïrm ស្ល ឈាម ) on invite les bonzes à se rendre à son chevet, pour réciter les prières ( Thôa ធម៌ ), afin que l'âme ait une bonne réincarnation.

De plus un AcharAtïa អាចារ្យ ) doit veiller sur le mourant jusqu'à son dernier souffle.

Généralement, tous les parents se rendent au chevet du défunt pour l'honorer une dernière fois. 

Durant la veillée, des bougies mortuairesTïrne Kal ទៀន កល្ប ) sont disposées de part et d'autre de la tête et des pieds du mourant.

Lorsque le décès est constaté, l'AcharAtïa អាចារ្យ ) ferme les yeux et la bouche du défunt. Il allume une petite lampe à huileTïangkirng ចង្កៀង ), afin de permettre à l'âme de se réincarner.

Avant la mise en bière, le corps est lavé et parfumé. Le défunt/défunte est coiffé et vêtu de ses plus beaux atours, les mains sont jointes, et une bougie est glissée entre les mains, des fils blancs les enserrent. Un mouchoir blanc recouvre le visage et un tissu blanc recouvre tout le corps.

Du jour du décès jusqu'à celui de la crémation, la musique mortuaire Pléng pœne'pïr ភ្លេង ពិណពាទ្យ) ne cesse d'être jouée. Elle peut être traditionnelle et jouée par des musiciens, ou bien à partir de musiques enregistrées. Elle diffusée au moyen de mégaphone, à laquelle quiconque dans le voisinage ne peut échapper.

Première cérémonie (incinération) :

La première cérémonie, ou cérémonie d'incinération, se nomme Bone sâpe បុណ្យសព  / Bone Kh’maoït បុណ្យខ្មោច, elle succède à la veillée mortuaire qui a lieu le jour du décès.

Nota : Bone sâpe បុណ្យសព  / Bone Kh’maoït បុណ្យខ្មោច, littéralement, brûler le cadavre / brûler le fantôme.

Il faut savoir que, dans la culture animiste, une personne décédée est considérée comme étant un fantôme tant que la dépouille n'a pas été incinérée complètement. C'est la raison pour laquelle, on utilise les termes : Dot Kma'oït ដុតខ្មោច (Brûler le fantômepour désigner la crémation, même si le terme officiel est Bothïr sâpe បូជាសព.

Après les dernières prières du matin, c'est la mise en bière.

Nota : la mise en bière se nomme "Dä sâpe knong me'tchou ដាក់ សព ក្នុង មឈូស" (littéralement, mettre la dépouille dans le cercueil. Cercueil = me'tchou មឈូស).  

Les plus riches achètent un cercueil qui sera consumé lors de l’incinération. D’autres, moins aisés, le louent. Les plus pauvres confectionnent un cercueil à l’aide de petites planches qui brûleront en même temps que le corps.


Les bonzes, l'AcharAtïa អាចារ្យ ) ainsi que les personnes présentent prient une dernière fois, avant que le cortège funèbre ne se rende au temple ou à l''endroit réservé pour l'incinération.


L'incinération des pauvres a lieu le jour même ou le lendemain matin. Celle des personnes plus aisées se déroule plusieurs jours après le décès, pendant lesquels des bonzes prient, et plusieurs AcharAtïa អាចារ្យ ) sont présents.

Le cortège funéraire se nomme "Dang'hè sâpe ដង្ហែ​សព​" qui consiste à porter le cercueil de la maison du défunt jusqu'à l'endroit réservé pour la crémation. Au devant du cortège, le glas mortuaire est diffusé par haut-parleur Phléng khlâng khaèk  ភ្លេង ខ្លង ខែក ou ភ្លេង ក្លង ខែក

Cortège funéraire vidéo

Nota : quelque soit l'endroit choisi pour l'incinération, le cortège doit exécuter trois tours autour du lieu, afin de rendre hommage une dernière fois au défunt. L'endroit réservé pour l'incinération se nomme "Kanglaèng bothïr sâpe កន្លែង បូជា សព", mais de plus en plus de Wat sont équipés d'un crématorium

Pendant longtemps, pour les gens pauvres, un coin de champ, près un arbre, permettait d'incinérer le défunt.

Puis, un endroit fut réservé dans l'enceinte des pagodes.

Enfin, de nombreuses pagodes possèdent, maintenant, un crématorium, que l'on nomme  "Pä'tcha ប៉ាឆា", plus ou moins sophistiqués, qui permet de procéder à l'incinération dans de meilleurs conditions.

Les gens plus aisés font élever un chapiteau funéraire, que l'on appelle "Méne មេន", le cercueil est exposé en haut et au centre du chapiteau jusqu'à la nuit tombée. L'incinération s'effectue au pied du chapiteau.

Me ne 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Généralement, les cendres du défunt sont conservées dans une une urne funéraire que l'on nomme "Kaot កោដ្ឋ", qui est entreposée dans un stupa ou un monument funéraire au sein de la pagode du village. Une photo de la personne disparue est associée à l'urne, afin de la reconnaître parmi les nombreuses urnes entreposées dans le même monument.

Ces monuments funéraires, que l'on appelle "Tïè dèye ចេ តិយ", abritent l'urne funéraire d'une personne ou les urnes d'une même famille. Voire l'ensemble des défunts du village, où les urnes funéraires sont alignées les unes à côté des autres sur plusieurs niveaux.

Quelles que soient leurs formes, les "Tïè dèye ចេ តិយ", sont des monuments funéraires, incluant le caveau communal (grand oratoire)

Caveau commun

Caveau perso

Deuxième & troisième cérémonies :

Deux cérémonies religieuses ont lieu à la suite de ces rites, 

  • Celle des sept jours après le décès, que l'on nomme Pithi bone khoup koumrrop prram pi thg'naye ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ ៧ ថ្ងៃ / Selon la tradition khmère, il est en effet admit que l'esprit ne se rend compte de la mort et de sa séparation de l'enveloppe charnelle qu'après une période de sept jours.
  • Celle des cent jours après la mort, que l'on nomme Pithi bone khoup koumrrop mouye roye thg'naye ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ ១០០ ថ្ងៃ. Elle marque la fin de la période de deuil. Parfois, les personnes pauvres ne peuvent faire cette troisième cérémonie.

Chaque fois, les bonzes ( Lauk sang  លោកសង្ឃ  / Prrèr sang  ព្រះសង្ឃ ) et les AcharAtïa អាចារ្យ ) sont conviés pour faire des prières. Ces cérémonies sont l'occasion de réunir toutes les voisins, amis et parents du défunt. Chacun apporte des offrandes (nourriture et argent) et se terminent autour d'un grand repas (plusieurs centaines de personnes sont conviées).

Ces deux journées sont accompagnées de la musique mortuaire diffusée par mégaphone.

Cérémonies anniversaires :

Les personnes très riches, les nobles et la famille royale, honorent leurs défunt une fois l'an, généralement à la date anniversaire du décès. Mais pour 95% de la population cela se limite aux trois cérémonies :

  • la première cérémonie, au mieux le lendemain du décès, au pire le troisième jour (Bone sâpe បុណ្យសព / Bone Kh’maoït បុណ្យខ្មោច)
  • la seconde cérémonie, le septième (7e)  jour après le décès (Pithi bone khoup koumrrop prram pi thg'naye ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ ៧ ថ្ងៃ)
  • la troisième cérémonie, le centième (100e) jour après le décès (Pithi bone khoup koumrrop mouye roye thg'naye ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ ១០០ ថ្ងៃ).

Parfois, une cérémonie anniversaire est dédiée aux parents défunts, que l'on nomme = Pithi bone khoup koumrrop xx tchname ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ xx ឆ្នាំ, avec xx le rang de l'année : première année មួយ ឆ្នាំ mouye tchname / deuxième année ពីរ ឆ្នាំ pi tchname / troisième année បី ឆ្នាំ bèye tchname...

Exemple : Cérémonie anniversaire une année ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ មួយ ឆ្នាំ Pithi bone khoup koumrrop mouye tchname

VOCABULAIRE :

Achar = se prononce Atïa អាចារ្យ, sorte de diacre, maîtres de cérémonie réligieuse.

AgonieRro'khyâl រកខ្យល់ / ou  Slâ'tchïrm ស្លឈាម

Bonzes =  Lauk sang  លោកសង្ឃ  / Prrèr sang  ព្រះសង្ឃ

Bougies mortuairesTïrne Kal ទៀន កល្ប 

Caveau mortuaireTïè dèye ចេ តិយ

Cercueil mo'tchou មឈូស 

Cérémonies religieuses Pithi bone  ពិធី បុណ្យ

Chapiteau funéraire = Mêne មេន

Cortège funéraire = Dang'hè sâpe ដង្ហែ​ សព​

Cérémonie de crémation = Dot Kma'oït ដុតខ្មោច (Brûler le fantôme), même si le terme officiel est Bothïr sâpe បូជាសព.

CrématoriumPä'tcha ប៉ាឆា

Endroit réservé pour l'incinérationKang'laèng bothïr sâpe កន្លែង បូជា សព (en l'absence de crématorium). 

Enterrement = Bagne'tïo sâpe ​​បញ្ចុះ សព

Glas mortuairePhléng khlâng khaèk  ភ្លេង ខ្លង ខែក ou ភ្លេង ក្លង ខែក

Lampe à huileTïang'kirng ចង្កៀង, afin de permettre à l'âme de se réincarner.

Mise en bière Dä sâpe knong mo'tchou  ដាក់ សព ក្នុង មឈូស" (littéralement, mettre la dépouille dans le cercueil.)

Monuments funéraires (caveau) = Tïè dèye ចេ តិយ

Musique mortuaire = Pléng pœne'pïr ភ្លេង ពិណពាទ្

Première cérémonie = Bone sâpe បុណ្យ សព  / Bone Kh’maoït បុណ្យ ខ្មោច / Bone Bothïr sâpe  បុណ្យ បូជាសព.

Seconde cérémonie, le septième jour après le décès = Pithi bone khoup koumrrop prram pi thg'naye ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ ៧ ថ្ងៃ

Troisième cérémonie, le centième jour après le décès = Pithi bone khoup koumrrop mouye roye thg'naye ពិធី បុណ្យ ខួប គម្រប់ ១០០ ថ្ងៃ

Prières = Thôa ធម៌

Tombeau = Phno Kh’maoït ផ្នូរ ខ្មោច (littéralement, la tombe du fantôme.)

Urne funéraire Kaot កោដ្ឋ

Veilleurs Lauk Ta លោក តា et Lauk Yièye លោក យាយ personnes âgées qui veillent la dépouille.